mercredi 22 août 2012

PHENICIENNES







 
                                    Viens, fille de joie, escorte-moi.
                                                                          GILGAMESH                                           



                                         A Philippe Despeysses,
                                 penché sur les lèvres du Tage.





Elles sont Phéniciennes
De Sidon
A n'en pas douter
Ces grandes franches filles
Lissées au seuil des bars
Tout autour de ce monde.

*

Phéniciennes   Tyrrhéniennes
Cimériennes peut-être   Ethiopiennes il en semble
Mais filles de proche mer
Oiseaux de quais
Aux cris d'échange.

*

Yeux tarifés
Déchirés de vie
Sur fond de billards et de Scopitones
De beuglements
De rixes
De trophées de pêche

*

Dans le pleur de crocodile
D'un tango sans titre
Dans les one-steps
Cake-walks
Pasos mambos
Fox et bostons
Secouant les planches
Du bouge de la jetée

*

Joueuses de gestes
Gagneuses d'abandon
Toujours un possible grand amour sur le feu

*

Phéniciennes
Elles
Dans le temps des chambres
Phéniciennes
Où qu'on se rende
Maracaïbo ou Fort-Mahon


Touffes imprégnées
Elles dansent, crânes
Bronze nylon
Fronts hauts brûlés à blanc

*

Phéniciennes
Quand des éclairs découpent
Leur île d'autrefois
Quand leur peine
Bleue
Glisse du fond
De nuits
Qui se lassent

*

Phéniciennes
Belles
Cibiche
Au bec
Belles
Parisiennes
De Kowloon
Belles

*

Matelotes bâbordaises
Matafes de la sueur
Belles
Fécampoises
De Malacca 
Belles

*

Sphinges du pavé
Louves tièdes
Liens de nuit
 Belles

*

Comme le gemme
Jeté à la bourbe
Comme un Graal de mer
Sirènes du rimmel
Soeurs de la houle

                                                               Leleh Gialloantico.






3 commentaires:

  1. Cher François,

    C´est formidable ton blog.
    Des textes superbes. La mer toujours présente.
    Ça promet!

    À bientôt,

    Fernando

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  2. vraiment bcp aimé ce poème que tu m'as dédié, c'est punchy, in the tempo...vive les ports et toutes les femmes que nous pouvons y croiser phil de lisboa

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  3. je ne fume pas, je ne bois pas, je ne me drogue pas...a dit la caissière de la station d'essence - avec son accent braileiro-
    Vous ne faites rien, ce n'est pas une vie...a répondu le client -un clampin de passage-
    Moi , monsieur, je ne fais que ce que la nature me demande...a-t-elle ajouté - avec un léger sourire sur ses lèvres-
    Ainsi va la vie mon ami quand les femmes s'y mettent !

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