samedi 22 septembre 2012

MAIN BASSE SUR LE BERCEAU - LA TRILOGIE DES CARREFOURS DE SOLITUDE

I
 

MAIN BASSE SUR LE BERCEAU

 
Chien d'entre les chiens avec ce petit rien
qui fait le malheur mon fils plus tard tu feras braqueur
Ce jour-là le Westinghouse était en rade c'était peut-être trop demander que de l'escalade
et ma Fée Bleue s'est essoufflée à l'heure de me présenter ses souhaits
Y'avait Maman Papa mes frères et mes soeurs et mes petits poings contre mon coeur
j'ai pas trop eu le courage de leur dire que c'était déjà de la rage
Dans ma corbeille de baptème on a jeté l'anathème
parole j'ai eu mon plein de dragées calibre 30/30 chemise blindée
Vos prophètes en cravate ont brouillé mon jeu de cartes
en moi il y a l'opéra de la loose avec le dénouement qui bouge
 
 
II
 
LES LARMES DU COYOTE
 
 
Un flic qui courbe le dos ça vous donne froid aux os
les larmes du coyote c'est pas bidon il y a le premier acte qui tourne pas rond
Toi et tes potes au coin du block en planque visent la caisse des keufs
Captain Yarab nous dit on se mouve je te jure encore un ciel rouge
encore une nuit Distinguo les petites soeurs font l'inventaire à Casino
le coyote bouge pas qu'on le braquerait la tête en bas
tu sais un flic qui chiale c'est comme un carjacking qui déraille
 

 
III
 
LE GRAND ESPRIT PEUT TOUT
 
 
C'est une légende auprès des hommes
C'est une légende dont se souvient plus personne
Le Grand Esprit peut tout
mais le bruit court que le Grand Esprit s'en fout
me suis laissé dire qu'il ne peut pas tout
peut pas goûter à tout entériner vos coups
peut pas blanchir vos langes rechapper vos anges
 
C'est une légende en deuil auprès des hommes
C'est une légende qui ne fait plus rire personne
Quelquefois le soir tu te sens l'âme rousse
clicking il y a les esprits qui se tordent dans les suburbs
et ta pauvre âme qui se vidange sur fond de bagnoles
Tes mots windsurfent tu aimerais en parler lui dire
qu'il ne faut pas grandir ici mais dire c'est déjà jeter un cri
et puis ça lui fait peur elle n'est plus là
Des fois tu te dis que tu te sens Indien
excuse tu en as un peu l'oeil
Mais quand les rues relèvent la tête
c'est comme une prière par-dessus la fête
 
Le Grand Esprit peut tout
mais on devine que le grand Esprit s'en fout
Ton ex-amour d'école et lui se montrent en duo
Paraît que leur first track est chaud
les strass de la détresse
c'est le plein jus dans le tiroir-caisse
Tu rabâches à qui veut mon petit poète
que les âmes et corps se sont vendus
quand elles ont juste estimé leur dû
                                                                       François Mottier.
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 


THE IOS PROCESSINGS



 
Interprétations privées
d'oeuvres grecques anciennes
d'après
diverses traductions françaises
et anglaises
 
Anacréon / Phocylide / Pindare / Xénophon / Théocrite
 et Maecius.
 
 
 
Nos filets se tendent,
Où passera le thon
Au seuil des eaux ?
 
                        Maecius.
 
 
 
Tes doigts, fais-en des laboureurs.
 
Tes paumes, qu'elles deviennent des matelots.
 
Tes jambes, qu'elles arpentent les pâtures.
 
                             Phocylide.
 
 
 
Pour mon ventre,
L'orge, le sucre,
Et une mesure de vin.
Pour mon repos,
La voix de la guitare
Et la belle auprès,
Toujours gardienne
Des rires, des danses et des chants.
 
                               Anacréon.
 
 
 
Êtres ? Des riens vivants !
Chacun est quoi - ou n'est ?
L'homme, un pêché de brume.
 
                             Pindare.
 
 
 
Chagrins, voici la coupe,
Vous n'êtes plus
Mes locataires déshonnêtes,
Mais jetés aux vents, là-bas.
 
                                           Anacréontiques.
 
 
 
Le manger à la huche,
A lui un gardien qui le guette.
Les nourrissons ont toit,
Aussi doit être un toit
Pour le pain, et la laine qui te vêt.
A l'épouse active
Les tâches du foyer,
L'époux solide
A les rudesses du champ.
 
                                   Xénophon.
 
 
 
Tes filets sont socs pour la mer.
Chair blanche qui se joue dans les vagues,
Saisis-t'en et sacrifie-la à Amphitritê.
Sans peine tes trémails s'alourdiront.
 
                                     Théocrite.
 
 
Mer sans rumeur,
Vents sans langue,
Mais mon chagrin, là,
Donne de la voile
A sa plainte.
 
                                       Théocrite.
                                                                                                  François Mottier &  Leleh Gialloantico.
 
 
 


mardi 11 septembre 2012

FRAGMENTS DE LA MER DES PHILISTINS




 
 
Voler, dis-tu ?
Echapper à cette boule
médiocre de terre ?
Dis-moi comment.
                                        RASAB de TYR.
 
 
 
 
 
Non, il n'est pas encore, celui qui me dira avoir vu ma fin.
                                                                  LAHOUPPE.
 
 
 
 
Et le vent qui te porte,
d'où vient-il ?
Des jardins des ciels.
                                    SIDYADE.
 
 
 
 
On peut franchir de deux façons ces montagnes :
en s'y portant à la façon de l'aigle,
ou en en rêvant, assis dans la poussière.
                                                                IBN KHALQOUB.
 
 
 
 
On atteint enfin, par cinq jours de marche à l'est, une route
brûlante que n'emprunte personne, et qui s'étire sur deux cent meiles de Hongrie.
                                             GEOGRAPHI KRESEMIRI minores.
 
 
 
 
Toucher aux puissantes étoiles demande une flèche puissante.
                                                                             LURCENNE.
 
 
 
 
Crois-tu aux murmures de la statue? Alors, tu es vivant.
                   HEHOU, prêtre égyptien, 1280 avant Jésus-Christ.
 
 
 
 
(...) l'ange montrait une cuirasse épaisse comme douze pierres du foyer, et ses ailes étaient de fer recouvert d'argent (...)
                                                           ACTA CYRILLI, VII, 9,11.
                       (trad. Emmanuella Praivost).
 
 
 
 
Ne m'éléverai-je pas jusqu'à Dieu,
si je recueille toutes mes forces ?
                                                                   NIKIFOR, (909-978).
 
 
 
 
(...) Il porte la sarisse et les marques de sa phalange (...)
                                                THERSYS de SARDES.
 
 
 
 
(...) contre le lupus des vieillards, il faut d'onguent de corail et de limaçons avec leurs coques (...)
ZOSIME de PYLOS, médecin grec, 464 avant Jésus-Christ.
 
 
 
 
Car il est dit que je m'éveillerai et regagnerai l'orbe de mon Père, dans les levers de Sa Lumière.
                             AGRAPHA ( paroles apocryphes du Christ)
          CODEX JUDAÏC,VIeme siècle.
 
 
 
 
(...) les liens le retenaient mais ne l'emprisonnaient point ; l'oubli le désignait mais ne le clouait point (...)
                                             Vision de MAGNAËL, Xeme siècle.
 
 
 
 
Il est l'ange au corps lourd,
de nos étonnements baignés...
Adeline SCHÖLTE-BAMBERG (1921-1944).
 
                                                                                         Leleh Gialloantico.
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 


dimanche 2 septembre 2012

BLEU DE MINUIT









Tais-toi
 
 
Crie
 
 
Les silences
Se plombent
 
 
Océans
De sous de plus profonds
Océans
 
 
*
 
 
 
Mer
 
 
Don de bleu
 
 
offert
  entre ses ciels
 [ et les nôtres]
 
 
   *


               
               
Etés
Idolâtres
 
 
Instruits
Déjà
 
 
De la prépondérance de pieuses neiges
 
 
*
 
 
Il est un vin dont je m'enivre,
tes libellés de jeunesse, lus à longs traits.
 
 
*
 
 
Être où personne ne t'attend,
le dernier fruit mûr à choir
dans le sel de l'automne.
 
 
*
 
 
Gagner
la foi
d'une naïveté nouvelle
qui t'appartienne
et nous appartienne,
murmures de l'étrave
que festonnent
les fêtes risibles
de voyages retrouvés.
 
 
*
 
 
Ce jour s'achève,
D'encre triste.
Après, il n'y aura guère.
Musiques agacées,
trognes portuaires, et toi - perdu,
tapi, fourbu de sarabandes.


*


Bleu de minuit
ton nom de lame,
tes yeux engloutis,
Ys fragile, mon amour,
forte comme Troie, mon amour.
                                                                       François Mottier.